En anglais my foot
Quand une députée conservatrice vient me chercher dans la soupe aux pois, sacrament, elle me trouve. Oh, and no, Canada is not a bilingual country.
English will follow French and be different because whenever we speak of solitudes in this country we have to talk differently depending on the audience. Since many of my readers understand both Canada's official languages, I also enjoy giving them a little something extra.
Vous avez entendu parler de cette députée conservatrice de l’Alberta (ben oui, hein) — Lethbridge pour être précis — qui vient de devenir vedette partout au pays pour toutes les mauvaises raisons.
C’est arrivé vers la fin de la semaine dernière et j’ai résisté à l’envie de faire une montée de lait drette là parce que je savais — vieille de la vieille que je suis — qu’il devait y avoir plus de détails à cette histoire. La confirmation m’est venue rapidement, grâce à Althia Raj du Toronto Star qui comprend très bien le français ainsi que la plupart de nos bibittes linguistiques.
Le truc, vous voyez, c’est que Rachael Thomas est bien friande des vidéos courtes et surtout non subtiles qu’elle met partout sur son site web et ses réseaux sociaux, comme bien d’autres dans le parti de Pierre Poilievre. Savez, ces gens aux idées grossières qui pensent qu’un coup de gueule hargneux — ou encore une pomme dégustée de façon on ne peut plus impolie — sont assez pour remplacer le travail d’experts en journalisme.
Bon, c’est un pays libre, Thomas a bien le droit de jouer sur la niaiserie et la vulgarité si c’est tout ce qu’elle a comme outils. C’est aux gens qui habitent dans son comté de décider. Mais quand même, elle vient de faire reculer les chances de son parti au Québec de… plusieurs kilomètres.
Thomas a fait une folle d’elle en insistant pour que la ministre du patrimoine Pascale St-Onge réponde à sa question en anglais, en plein comité parlementaire s’il-vous-plaît.
S’il y a une place dans ce grand pays où on ne demande à personne de changer de langue, c’est bien en comité parlementaire. Et pas juste parce que tout est traduit partout.
Il est commun de voir des journalistes à Ottawa demander aux politiciens de répondre dans les deux langues officielles (quand les politiciens en question sont capables de le faire, va-t-il sans dire), parce que les gens qui écoutent les nouvelles bénéficient de réponses dans la langue de leur choix. Ça, c’est parfaitement correct et les politiciens ne se plaignent jamais d’avoir à se redire dans l’autre langue.
L’affaire St-Onge, c’est autre chose. Il s’agit d’une députée qui se pense hot et qui insiste pour utiliser ce qui se passe sur la colline parlementaire pour se mousser une certaine célébrité sur YouTube et autres réseaux.
Quand elle a demandé à St-Onge de répondre en anglais, c’était précisément pour pouvoir en faire un clip vidéo sans avoir à dealer avec l’interprétation simultanée. Le collègue Konrad Yakabuski dans Le Devoir nous rappelle certains des bons coups de la ministre du patrimoine. C’est une bonne politicienne, mais pas une experte de la rhétorique. Ce n’est pas Oscar Wilde, à la fin.
Et l’autre, là, s’est fait complètement avoir. Mettons qu’on ne vole pas haut.
St-Onge était parfaitement consciente de ce qu’elle faisait en choisissant de répondre à Thomas en français. On le sait parce qu’elle n’avait aucun problème à répondre aux questions d’autres députés en anglais. Juste pas cette énervante-là. Précisément pour éviter de se ramasser sur YouTube. Mais aussi peut-être un peu pour lui faire pogner les nerfs.
Et ça a marché.
Mais là il faut que vous compreniez quelque chose. Les gens qui soutiennent le parti de Poilievre (ce qui exclut la vaste majorité des gens conservateurs qui ont raisonnables et honnêtes intellectuellement) sont convaincus dur comme fer que le fait français au Canada constitue un traitement de faveur aux Québécois. Et encore plus: Que les exigences de bilinguisme qu’on retrouve dans les emplois supérieurs de la fonction publique fédérale sont là pour garder le pauvre monde unilingue anglais en-dehors des cercles d’influence nationaux.
C’est de la bullshit crasse, évidemment. D’abord parce que les francophones qui sont bilingues ne sont pas nés comme ça. La plupart le sont devenus en y travaillant bien fort. Ce que n’importe quel anglo a le droit de faire. Mais non, ils pensent que parler anglais devrait suffire au niveau fédéral.
Et c’est ça qui me royalement chier.
The thing that gets my goat in the ridiculous and idiotic story of Rachael Thomas demanding a minister of the crown answer her in English during a parliamentary committee hearing is the fucking obnoxiousness of the deliberately obtuse who appear to believe that speaking English (sort of) is all one needs to do to squeeze one’s unilingual self into the halls of federal power.
If you only speak one language in this country, you should not get anywhere near the levers of federal power. Do you know why? Because this country has two official languages and if you only understand one you’re just not ready for the big leagues. You can totally be a backbench MP, faithfully representing your constituents. That’s cool. But that’s also it.
I briefly self-interrupt my righteous rant to add two things. 1) Canada is not — repeat, not, dammit — a bilingual country. It’s a country with two official languages. It’s not at all the same. And 2) we should totally add at least a few Indigenous languages to that list.
You think I’m splitting hairs, I know.
A bilingual country is one where life is lived in two languages. Except for Montreal (and to a lesser extent the national capital region) that is not at all how life in Canada is, as you’ll know if you’ve been outside at any point in the last 400 years.
We have two official languages to recognize the equal importance of the two founding peoples, which only works in the context where one ignores the not-insignificant contributions of Indigenous peoples to the country we now call Canada, hence my second point.
Continuons.
I have met more than my share of unilingual anglos who believe Quebecers are like spoiled children who think they’re so special they can misbehave and get away with it. I’ve also met more than my share of unilingual francos who believe people in the rest of the country are a monolithic bloc of Quebec-bashing hatred.
Neither, needless to say, is true.
What is true is that federal politics and the federal government are dominated by people like me — well-educated and English-French bilingual who are also good at debating in either language. Not because we’re better than other people, but because we have the qualifications and skills required to work in an environment that has two official languages. Which we acquired through metric shit tons of work.
It’s a free country and everyone is entitled to believe that Lord Durham should have won the intellectual battle. But he didn’t and here we are. You can deal with it by mastering both official languages, or you can stew in your resentful juices and inflict your pain all over YouTube.
Just don’t ask the rest of us to take you seriously until you can tell us why we should, intelligently and coherently, in French and English.